Un être au crépuscule

 

J’arrive aujourd’hui au crépuscule de ma vie, et je vous demande quelque chose, quelque chose de tout simple mais qui pourtant s’avère parfois difficile :

ne m’enlevez pas ces douces étapes vers la disparition que sont les pertes de facultés tandis que d’autres genres de perceptions (re)viennent, telles les premières années de la vie, magnifiques, où les facultés se développent au gré de notre constitution unique et de notre histoire particulière ; nos dernières années, magiques, elles aussi, nous laissent savourer le deuxième grand changement de notre vie, après l’aurore, celui du crépuscule.

Laissez-moi franchir chaque seuil avec tout mon être, et ma pleine conscience, car la conscience ne vient pas que du fonctionnement des facultés mais de tout l’être et même un peu autour de lui et dont les facultés ne sont qu’une expression. La vie s’exprime à travers maintes formes.

L’on peut bien avoir nos cinq sens, nous sommes perdus si nous n’avons pas celui qui leur en donne un : le goût de vivre.

Je veux pouvoir rejoindre le néant en marchant et en faisant les pas moi-même, et que si des compagnons sont autour, ce soit pour célébrer la vie dont la disparition est un des éléments, une des étapes, et non pour soutenir « un pauvre être« .

Célébrons la vie, la vie qui apparaît, la vie qui se développe, la vie qui perdure et la vie qui disparaît.

Laissons se faire cette merveille qui est la délectation de chaque stade de la vie, de chaque joie, de chaque souffrance, de chaque étrangeté, de chaque extase et de chaque pas.

Merci,

Bien à la vie,

Un être au crépuscule

 

 

Texte écrit le 4 novembre 2018